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EXPERIENCES PROFESSIONNELLES

  • Mécanicien
  • Marchand
  • Pompiste
  • Serveur-maître d’hôtel
  • Logisticien
  • Coordinateur

PHOTOGRAPHIE

  • Photographe pour l’association humanitaire Equilibre pendant 5 ans.
  • Ancien membre de l’Agence Vu de 1995 à 2002.

ETUDES

  • Les Beaux-Arts de Lyon : DNSEP (Diplôme National Supérieur Expression Plastique)

PRIX

  • 2004 – Prix Chroniques Nomades à Honfleur
  • 2001 – World Press, 1er Prix portrait – Les Irakiens sous embargo
  • 1996 – Bourse de la Fondation Hachette
  • 1996 – Bourse Villa Médicis hors les murs
  • 1995 – Prix Leica, Grand Prix Européen de la Ville de Vevey
  • 1994 – Prix Moins Trente du Centre National de la Photographie
  • 1994 – Bourse de la Fondation pour la Vocation de Marcel Bleustein Blanchet

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Récit autogiographique

20 juin 1966
Date de naissance officielle.
Né en réalité, sous l’année du chat du calendrier lunaire, au bord du Mékong, terre laotienne; je l’ai toujours adoptée.

1967
Tète grand-mère, ses seins fripés, froissés, réserves d’affection.

1968
Scolarité difficile, payante.
Cancre, école buissonnière, inventif, mille astuces pour échapper à cette fournaise, me réfugier à la pagode pour ensorceler la maîtresse, me plonger dans le fleuve, me savonner la journée.

1970
La population s’agite, ennemis grouillent dans la jungle, hôpitaux remplis de plaintes, de mutilés.
Regrets, j’aurais dû enregistrer la scène.
Juin: déménagement, bidon-quartier. Amitié gravée au compas sur nos bras, sang mêlé d’encre de chine. Souvenir indélébile.

1972
Quitter l’école définitivement. Passeur de devises, de marchandises, contrebandier.

1973
Haut-parleurs hurlent, surgissent de tous les coins de la ville. Les chansons changent de rythme, de timbre.
Il est question de coalition, un leurre.
Apprenti mécanicien, odeur de graisse et vapeur d’essence.

1975
Deuxième exode. Traverser le Mékong. La nuit. Attendre les passeurs dans les champs de bananiers, le fleuve semble endormi.
La pirogue évite des masses noires, corps noyés, entrechoqués, troncs déracinés, portés par le courant.
Le regard suspendu au ciel, cherche des nuages pour enrober la lune.     
Bras tendus, mains agrippées aux rebords. Les bouts des doigts effleurent l’eau.
Atmosphère humide.

Camps en Thaïlande
Nongkhai, prison. Tous dépouillés par les soldats.
Sikhiu, camp spécifique pour réfugiés vietnamiens. Clôturé.
Nos vies à la merci  de l’humeur des militaires Thaïs. Miradors.
Survivre dans le ghetto, jardinage, petits trafics.
Claustrophobe, j’ai traversé ces barbelés. Fuir, quitter le camp, sacrifier la famille, gagner ma vie, liberté cachée.
Recherché, ramené, battu, crâne rasé : signe de la honte et de la soumission.
De cette aventure, une épine rouillée sous la peau.

Hiver 1977 
Premier contact avec la France, gris, picotements sur la peau.             
Paris, Créteil, centre de transit, papiers, administration, rectification de l’âge.
Rattraper le temps perdu, un ami.
Depuis huit ans sans scolarité. Seule éducation : expérience de la vie.           
À dix ans, déraciné, tronc dérivant sur le fleuve, cerveau en crue.
Corps menu, pas eu le temps de se développer. Sensation d’avoir vécu trente ans.
Maintenant, scolarité imposée. Classe « d’intégration ». Six mois en contact avec des étrangers, Turcs, Algériens, Marocains, Tunisiens, Italiens. Je déchiffre leur langue, la mienne, le français.
Apprentissage de la liberté. Esprit vif, sauvage, boulimie d’apprendre.

1979
Rencontre. Méfiance, l’amitié, ne plus y croire. Pourtant, des liens se tissent. Décisifs. M’aideront à comprendre, retrouver ma sensibilité, me construire enfin un langage.
Premier contact avec l’art. Moyen pour ne pas m’enfermer, canaliser cette énergie interne qui me ronge.
Mettre bout à bout des images, des sons, trouver une articulation.

1988
Flash-back. Retour au pays, avec un carnet, un stylo, un appareil photo.
Volonté de tout emmagasiner. Questionner, les lieux, les gens. Camps : toujours les barbelés.
Fouiller : la terre, les murs, les arbres …
Retrouver les sensations, les sentiments. Désir de comprendre et d’analyser.

1989
Roumanie, fin décembre, rumeur, révolution, prendre premier train pour Bucarest.
Autre pays, même approche, impression de retourner en Asie. Chaque départ, elle ne me quittera plus.
Rencontre d’étudiants, liesse, agitation effrénée, goût d’amertume.

1990
Rencontre avec Equilibre. Point de vue unique sur la photographie humanitaire, mieux comprendre la souffrance des autres.
Asiles psychiatriques, enfants irrécupérables.                                
Déambuler avec des gamins roumains, dans le froid de l’Est

1991
Succession de reportages, frénésie d’images.
Exode kurde, personnes âgées roumaines, retraités de Moscou, Touaregs réfugiés en Mauritanie, combattants birmans à la frontière Thai, bidonvilles haïtiens, convois à Sarajevo, début d’une guerre absurde.
Chaque retour est un autre départ. Pour reconstituer mon passé.
Les carcasses de bombes sur la piste Hô Chi Minh au Laos.

1993
Les plongeuses de sable sur la Rivière des Parfums au Viêtnam.           
Partir à la rencontre des réfugiés nomades Tibétains à 5000 m, au Ladakh

1994
Rwanda, après les massacres, suivre la route de l’exil
Nous sommes tous des exilés.